Freedom [libre : un max de monde !]

C'est un grand sourire aux lèvres que Naelia dévala les escaliers du château, ce Samedi matin. Pourquoi cette bonne humeur ? Déjà, parce que c'était le week-end – et ça, c'était pas négligeable. Ensuite, parce qu'elle avait reçu des nouvelles de sa famille, qui, apparemment, commençait à se redresser financièrement. Et, enfin, parce qu'elle s'était levée du bon pied, en forme et avec une terrible envie de se défouler et de profiter de sa journée.

La jeune fille arriva dans le parc, ensoleillé. Même si elle adorait la pluie, le soleil avait ses bons côtés, et la boostait encore plus. La Poufsouffle s'assit en tailleur sous un arbre, et sortit un carnet. Non, ce n'était pas un des nombreux carnets où elle notait tout ce qui lui passait par la tête, mais un vieux cahier dans lequel elle avait écrit tous les jeux qu'elle faisait avec ses amis lorsqu'elle était petite. Elle l'avait retrouvé dans une petite poche de sa valise, et avait été heureuse de parcourir de nouveau ces souvenirs.

Si l'insouciance de son enfance lui paraissait très loin, elle n'était absolument pas déprimée quand elle ressassait des souvenirs, et, au contraire, était heureuse de redécouvrir ses joies d'enfant. Après avoir poursuivi sa lecture quelques instants, Naelia referma le carnet et le remit dans son sac. Elle avait envie de bouger, de voir du monde, de faire quelque chose de nouveau, de changer, elle avait besoin de motivation.

Ça y est, elle n'en pouvait déjà plus de rester assise à rien faire, alors que d'habitude, elle adorait ne rien faire, et juste rêver. Finalement, elle se leva, et regarda autour d'elle. Les élèves commençaient à arriver dans le parc, quelques fous se baignaient même, alors qu'il ne devait être que 10h ou 10h30 du matin. Les beaux jours s'annonçaient déjà, et même s'il faisait encore froid, on sentait l'excitation arrivait, à l'approche des vacances.

Naelia entendit quelqu'un s'approcher. Elle s'ennuyait tellement que, comme une gamine, elle s'amusa à se cacher derrière le gros tronc d'un arbre, et, lorsque la personne passa à côté, lui sauta presque dessus. Elle se retint de dire « bouh ».
Décidément, il devait y avoir eu quelque chose de pas net dans son chocolat chaud ce matin-là, ce n'était pas son genre de se comporter comme cela ; mais elle avait bien le droit de retourner en enfance, non ?

L'idée était juste de décompresser, de chasser toutes ses idées noires de son esprit, d'oublier les cours, de se comporter comme en vacances. Sa dissertation de potions pouvait bien attendre !

Maïya avait laissé ses mauvaises pensées de côté en ce matin. Elle avait un petit sourire aux lèvres, ce qui était plutôt inhabituel chez elle. Maïya traversait le parc d'un pas léger, elle regardait autour d'elle l'air enjoué: voir tout ce bonheur autour d'elle, tout cela grace au soleil et au week-end. La jeune fille riait interieurement : dans deux jours, tous les élèves auraient repris leurs têtes d'enterrement et leur attitude plus molle que celle des limaçons.

Arrivée près d'un saule pleureur, son arbre préféré, elle ralentit, leva la tête, s'arrêta, observa les branches tombantes, les feuilles d'un vert tendre. Maïya n'avait pas remarqué que cette fille qui l'instant d'avant se tenait assise, cahier à la main, l'air rêveur. Ainsi, lorsque cette dernière surgit de derrière l'arbre colossal. Maïya eut un sursaut. Elle fronça le sourcil gauche, un vieux réflexe dont elle ne pouvait se débarrasser, puis sourit largement à Naelia.

"Heureusement je ne suis pas cardiaque !, dit-elle dans un éclat de rire, ça t'arrive souvent de surgir de nul part comme ça?"

Avant de lui laisser le temps de répondre, elle sourit une fois de plus et se reprit.

"Je suis Maïya"

Elle lui sourit une fois de plus. Décidément, May était d'excellente humeur, il était rare de la voir rire et sourire autant. Même ses yeux bleus pétillaient intensément.
Elle avait beau avoir croisé Naelia plusieurs fois dans les couloirs, les deux filles n'avaient encore jamais eu l'occasion de se parler. Il n'était pas trop dans son style d'aborder les gens ainsi, mais aujourd'hui, elle ne savait pas pourquoi, elle se sentait euphorique et légère. Cet état l'étonnait d'ailleurs : elle était plus du genre à broyer du noir qu'à rayonner ou voir la vie en rose.
Qu'importe.

*Aujourd'hui est un autre jour, pour une fois, je vais remettre la déprime à plus tard, essayer de m'amuser un peu !*

La jeune fille qu’elle surprit sursauta et fronça un sourcil – un seul, c’était étrange. Naelia ne la connaissait que de vue, et se dit qu’elle avait peut-être un peu exagéré. Son euphorie commençait enfin à s’atténuer, et la Poufsouffle était bien forcée de réaliser qu’elle avait agi de façon assez…puérile. Oh et puis zut, elle avait bien le droit de s’amuser ! Le sourire que lui adressa son interlocutrice la soulagea un peu. Naelia lui retourna son sourire.

"Heureusement je ne suis pas cardiaque ! Ca t'arrive souvent de surgir de nul part comme ça?" dit-elle en riant. « Je suis Maïya » ajouta-t-elle.
Naelia rit à son tour et répondit :

« Seulement quand je m’ennuie ! Enchantée Maïya, je suis Naelia, à Poufsouffle comme tu peux le constater… »

La jeune fille poursuivit, d’humeur taquine :

« Et que fait une sérieuse Serdaigle dehors quand la bibliothèque est grande ouverte ? »

Elle ne critiquait bien sûr pas son interlocutrice, elle la charriait juste. Et puis, quel Serdaigle aurait pu résister à ce grand soleil ?
De plus, cette question lui permettrait de savoir si la Bleue et Bronze était vraiment une fille sérieuse impossible à sortir de ses bouquins ou une ado relax et agréable à fréquenter. Pour l’instant, Naelia penchait plutôt pour la seconde solution ; Maïya semblait ouverte d’esprit (il faut une sacrée ouverture d’esprit pour accepter qu’une inconnue nous saute presque dessus) et rieuse.

La jeune fille finit juste par :

« Enfin, je suis sûre que même les Serpentards quittent leurs cachots humides pour profiter du soleil aujourd’hui ! J’ai beau adorer la pluie, qu’est-ce que ça fait du bien de sentir l’arrivée des beaux jours ! J’ai l’impression de renaître ! »

Réalisant soudain qu’elle parlait un peu trop par rapport à d’habitude – décidément, le soleil lui faisait de l’effet-, Naelia ajouta avec un demi-sourire :

« Surtout, arrête-moi quand je parle trop ! »

Elle le disait sincèrement, elle ne se vexerait pas si on la stoppait net dans son monologue.
Parler pour ne rien dire, Naelia détestait cela. Elle appréciait le silence, parce que bien souvent, il avait plus de valeur que de futiles paroles. De nos jours, elle trouvait que l’on parlait souvent juste histoire de combler les blancs ou d’interagir avec d’autres personnes, et pas vraiment pour communiquer.
Aujourd’hui, elle était…différente. Peut-être parce qu’elle avait dormi 10 heures cette nuit, elle qui enchaînait insomnie sur insomnie tout au long de l’année, et ne dormait guère que quelques heures quand elle parvenait à sombrer dans les bras de Morphée. Peut-être aussi grâce aux bonnes nouvelles qu’elle avait reçues. Ou tout simplement parce que, ce jour-là, elle était plus…vivante.