Besoin de distraction

Aaron déambulait dans les ruelles. Le temps était médiocre, un vent glacial soufflait, mais l’ambiance était si studieuse au château que le Serpentard avait préféré sortir prendre l’air pour ne pas devenir fou – si ce n’était pas déjà fait.
Et, après avoir dépensé un peu trop d’argent chez Alcolohip’s les jours précédent, il était bien forcé de trouver une autre occupation. Mais, étrangement, cela n’entachait pas son humeur. Au contraire, il était bien décidé à s’amuser.
Sur son chemin, il croisa un troisième année sortant de Zonko. Il venait d’acheter du poil à gratter. Ni une, ni deux, Aaron le lui subtilisa, ouvrit le sachet et en versa le contenu dans le cou du Serdaigle. Mort de rire, il partit en le laissant se tortiller.

Distraitement, il vit quelques avis de recherches de Mangemorts, des petites annonces, mais rien ne semblait digne de son intérêt. D’ici, on ne pouvait voir la Cabane Hurlante ; il avait bien pensé y aller, mais pour quoi faire ? Il serait encore plus seul, et, un jour ou l’autre, le plancher craquerait sous ses pieds. Avoir le cou brisé, ok, mais pas pourrir dans un lieu comme ça.

Las, le jeune homme fit le tour de quelques boutiques, mais même les farces et attrapes de Zonko ne le tentaient pas ; il avait largement eu le temps de toutes les essayer, durant les sept longues années qu’il avait passées à Poudlard. Un jour ou l’autre, il y ferait quand même un tour, pour agacer McFly. Il avait entendu qu’il travaillait ici à présent, ainsi qu’à Alcolohip’s.

Le Serpentard se dirigea vers une petite placette, et commença à draguer une vendeuse à l’étalage, histoire d’occuper le temps. Mais, psychorigide, celle-ci le repoussa bien vite, et, après un « tu ne sais pas ce que tu rates », il préféra abdiquer. La proie n’était pas assez amusante. Qu’on lui résiste lui plaisait toujours, mais certaines étaient bien plus divertissantes que d’autres.

Sifflotant, Aaron attacha mieux sa cape noire ; il faisait vraiment froid, l’automne attaquait fort cette année.
Soudain, son regard fut attiré par une silhouette qui venait vers lui. Un sourire au coin des lèvres, il attendit que l’inconnu s’approche, bien décidé à le garder sous la main pour s’occuper un moment.

Aegnor était encore à la recherche d'une future victime. Depuis son dernier meurtre, elle restait à l'affut de toute information pouvant la mettre sur la piste d'une potentielle proie mais elle n'avait encore rien trouvé d'intéressant. Elle venait d'ailleurs d'aller rendre une petite visite à un moldu qui lui avait semblé suspect mais il n'avait pas vraiment le profil qu'elle cherchait et elle était repartie, quelque peu déçue. Elle aimait partir en mission personnelle et se délectait déjà à l'idée de faire une nouvelle victime. Malgré tout, cette pause ne la dérangeait pas plus que cela. Elle reprenait contact avec le monde, avec les mangemorts et mettait au point de nouvelles techniques très intéressantes.

Elle profitait donc de cette froide journée pour sortir. Elle aimait ce temps et la tranquillité qui en découlait. La plupart des élèves de poudlard étaient restés au château, peu attiré par cette température. Elle en remarqua pourtant quelques uns qui avaient osé mettre le nez dehors mais seulement emmitouflés dans des manteaux et écharpes. Bien qu'elle apprécie le froid, elle portait une cape pour se réchauffer. Il n'était pas question d'attraper une maladie. Si elle trouvait une piste, elle devait être prête.

Les passants étaient peu nombreux et ceux qui étaient présents s'éloignaient d'elle lorsqu'elle leur lançait un regard froid, ce qui lui permettait d'avancer au rythme qu'elle voulait. Elle passa devant plusieurs boutiques mais elle n'avait rien de particulier à acheter et elle ne voulait pas aller boire dans un bar dans lequel elle était sûre que tout le monde s'était réfugié. Elle poursuivit donc son chemin, ralentissant un peu, observant les passants.

Elle aperçut alors quelqu'un qui arrivait dans l'autre sens. En s'approchant, elle vit qu'il avait un sourire aux lèvres et la regardait. Visiblement, il voulait l'aborder. Elle s'apprêtait à le rembarrer mais elle changea d'avis. Un peu d'amusement ne lui ferait pas de mal. Une fois à sa hauteur, elle lui adressa un sourire froid.

« On ne t'as jamais appris qu'il ne faut pas fixer des gens qu'on ne connaît pas ? »

Elle braqua son regard métallique dans celui sombre du jeune homme. Un simple coup d'œil à sa tenue lui permit de comprendre qu'il était élève à Poudlard, et manifestement à serpentard. Elle eut un sourire narquois.

« Alors comme ça ils laissent les petits sortir sans surveillance à Poudlard ? »

Lorsque la jeune femme s'approcha de lui, il eut un mauvais pressentiment. Trop de froideur se dégageait d'elle, de ses yeux gris, de son sourire... Une sorte de cruauté...
Mais Aaron ne se débina pas pour autant. Il se planta en face d'elle, et elle lui dit : « On ne t'as jamais appris qu'il ne faut pas fixer des gens qu'on ne connaît pas ? » Oh, pitié, pas le coup des bonnes manières ! Enfin, son interlocutrice était vraiment très belle, et, bien que plus âgé que lui, il n'avait pas envie de la laisser s'échapper.

"Vous avez raison, je manque à tous mes devoirs. Aaron Gray, pour vous servir..."

C'était certes une approche très rétro, mais en général ça marchait. Il lui aurait bien fait le coup du baise-main, pour la tester un peu, mais la jeune femme, qui semblait bien plus mature que les autres de son âge, n'avait pas l'air particulièrement disposé à ce type d'approche.

Au lieu de cela, elle lui lança : « Alors comme ça ils laissent les petits sortir sans surveillance à Poudlard ? »

Aaron esquissa un sourire amusé. Elle ne croyait quand même pas le vexer ?
Jusque-là, sa personnalité lui plaisait. Elle, au moins, n'avait pas froid aux yeux, et chez les Serpentards, il était habitué à la condescendance. il décida de ne pas l'attaquer, ni la provoquer, et répondit juste avec un ton énigmatique :

"Oui, quand ils ne peuvent plus les supporter..."

Bon, ce n'était pas tout à fait vrai, mais il faisait sans doute des heureux en s'absentant ainsi du château. En même temps, il s’en fichait un peu que sa présence soit désirée ou non.

Il ignorait tout de l’identité de son interlocutrice. Mais, sans trop savoir pourquoi, il n’avait pas envie de lui poser de questions sur elle, même sur son nom ; si elle voulait qu’il y ait un réel échange entre eux, elle le ferait d’elle-même. Sinon, tant pis, chacun reprendrait son chemin, et ils ne se reverraient sans doute plus.
S’il avait su qu’elle étai t une Mangemort, il aurait peut-être fait preuve de moins d’assurance ; mais, pour l’instant, ne voyant pas ce qu’il craignait, il osa :
"Et vous, vous êtes venue faire les courses ? Il ne faudrait surtout pas que votre chéri ait faim, hein ! Si vous voulez, je peux même vous aider à porter votre sac, ça doit être lourd pour vous ! »

Quelque chose lui disait qu’il aurait mieux fait de se taire, mais il avait envie de s’amuser, et il y avait suffisamment de monde autour pour qu’il ne risque rien.

Alors que la plupart des personnes auraient fui en voyant Aegnor arriver, le serpentard se planta devant elle, plus confiant qu'il ne devrait l'être. Enfin quelqu'un avec qui elle pourrait s'amuser. Elle qui s'ennuyait peu de temps auparavant était satisfaite d'avoir enfin trouvé une occupation. Elle écouta sa réponse. Il jouait au gentleman. Si il croyait pouvoir l'avoir avec ce genre de phrases, il se plantait, et en beauté. "Aaron Gray, pour vous servir...". Elle ne se présenta pas elle-même. Elle ne donnait plus son vrai nom et s'il avait entendu son surnom, il aurait sûrement décidé de ne pas s'attarder. Il n'avait d'ailleurs aucun intérêt à le connaître, n'ayant aucun besoin de l'utiliser pour le moment. Elle verrait par la suite si elle voulait le lui donner. Elle répondit, sarcastique :

«"Pour vous servir" ? Alors comme ça, maintenant les serpentards servent les autres ? »

Il eut un sourire amusé à sa remarque. Bien. Il n'était pas du genre à s'énerver pour rien. Cela serait beaucoup beaucoup plus distrayant. Il lui répondit sur un ton énigmatique : "Oui, quand ils ne peuvent plus les supporter...". De l'humour, pas mal. Elle imaginait mal les profs laisser des élèves sortir juste parce qu'ils leur tapent sur les nerfs. Par contre, le fait que certains puissent ne pas apprécier le serpentard ne l'étonnait pas. C'était le cas pour la plupart des serpentards et celui-là avait l'air de bien représenter sa maison.

Il ne posa aucune question sur elle, mais se permit de dire quelque chose qu'il n'aurait même jamais osé penser si il l'avait mieux connue. "Et vous, vous êtes venue faire les courses ? Il ne faudrait surtout pas que votre chéri ait faim, hein ! Si vous voulez, je peux même vous aider à porter votre sac, ça doit être lourd pour vous ! ». Cette remarque était très mal placée. Son regard devint encore plus glacial et elle sentit ses mains chauffer. Elle reprit rapidement le contrôle sur son pouvoir et la chaleur se retira. Elle laissa échapper un léger rire sinistre. Le ton qu'elle prit pour lui répondre était cassant, glacial.

« Non, je reviens d'une enquête. Pour ce qui est de mon chéri, pas d'inquiétude de ce côté là, je l'ai tué. »

Croirait-il ce qu'elle venait de dire ? Cela lui importait peu. Il fallait juste qu'il comprenne qu'elle n'acceptait pas certaines remarques. Elle ajouta :

« Quant à mon sac, je suis tout à fait capable de le porter. Et si ça n'avait pas été le cas, j'aurais utilisé la magie, après tout, c'est à cela que ça sert. Encore faut-il y penser, bien entendu. »

Aaron nota qu'elle ne souhaitait pas se présenter. Peu importe, un nom n'était une espèce de truc abstrait, une étiquette, il s'en fichait éperdument. C'est d'un ton sarcastique qu'elle répliqua : «"Pour vous servir" ? Alors comme ça, maintenant les serpentards servent les autres ? » Le jeune homme esquissa un sourire amusé. Décidément, il avait bien fait de lui adresser la parole, elle était marrante.
D'un air faussement résigné, il répondit :

« Les Serpentards comme les autres hommes ; c'est la dure loi de la galanterie. C'est absurde, sexiste, mais que voulez-vous, je ne peux tout de même pas renoncer à la séduction juste parce que la tournure ne me convient pas ! »

Lorsqu'il la provoqua, sans trop savoir pourquoi d'ailleurs (enfin, la condescendance de la jeune femme y était pour beaucoup), elle le fusilla du regard. C'était très drôle. Son sourire s'élargit, mais il n'était pas sarcastique, plutôt joueur et chaleureux. Il ne voulait pas particulièrement la froisser, juste passer le temps. Si elle partait, ce serait dommage.

Le rire lugubre qui s'échappa de la gorge blanche de la jeune femme n'était pas de bon augure. Okaaay, message reçu, il ferait gaffe. On ne savait jamais qui pouvait traîner dans les parages. Et si elle était une échappée d'Azkaban, une démente, ou même une Mangemort ?
A cette pensée, Aaron sourit intérieurement ; non, une Mangemort ne pouvait tout de même pas être si belle. Ce serait du gâchis.

L'inconnue prit ensuite la parole d'un ton particulièrement froid. C'était vexant.
« Non, je reviens d'une enquête. Pour ce qui est de mon chéri, pas d'inquiétude de ce côté là, je l'ai tué. »
« Quant à mon sac, je suis tout à fait capable de le porter. Et si ça n'avait pas été le cas, j'aurais utilisé la magie, après tout, c'est à cela que ça sert. Encore faut-il y penser, bien entendu. »
Le Serpentard analysa rapidement les informations ; elle revenait d'une enquête...était-elle détective, ou était-ce juste une façon de parler ?
Bon, pour le chéri, ça devenait plus...corsé. Il préférait penser qu'elle plaisantait, mais rien, absolument rien, même dans son regard, ne présageait une quelconque ironie. Mais si c'était vraiment le cas, si elle avait assassiné son compagnon, pourquoi le lui avouait-il aussi crûment ? Parce qu'elle était persuadée qu'il ne la croirait pas, parce qu'elle comptait le faire taire, ou parce qu'elle avait un quelconque don qui empêcherait Aaron de parler ? Ou se pouvait-il qu'elle ait si confiance en elle pour ne pas craindre d'être dénoncée ?
Incrédule, le jeune homme ne fit pas part de ses interrogations, et répliqua :

« Vous avez eu raison. C'est fou ce que les hommes peuvent être encombrants. Les femmes devraient pouvoir se marier toutes seules ! »

Il orna sa réplique d'un sourire engageant. Comme ça, qu'elle ait vraiment...tué son mari ou non, elle ne le prendrait pas mal. Enfin, en principe...
Il répondit à la suite :

«C'est vrai, ma stupidité est affligeante. Que les foudres célestes me carbonisent ! Mais, en attendant, permettez-moi de vous offrir un verre, et de trinquer à la disparition d'un homme de plus sur cette stupide terre ! »

Tendant galamment son bras à la jeune femme, le buste légèrement incliné, Aaron songeait qu'il était vraiment tombé sur un personnage à part, et qu'il était hors de question de la laisser filer.
Et puis, soyons honnêtes : il aurait fière allure avec une aussi belle femme à ses côtés.

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