La nuit, avec Naïssa

Anna, caché sous sa cape d’invisibilité en compagnie de sa colocataire Naïssa, qu’elle avait suivit auparavant (voir le sujet A 23h) pénétra dans la forêt interdite. Elle avait descendu tout le parc cachée ainsi, et avait marché à mainte reprise sur les pieds de Naïssa, en s’excusant à chaque fois. Le plus dure avait été de sortir du château sans se faire repérer, car même cachés sous une cape d’invisibilité, une porte qui s’ouvrait toute seule était suspecte. Arrivé devant la lisière de la forêt, une fois la cabane du garde chasse dépassée, elle avait demandé à sa camarade :

"T’es toujours sur de vouloir y aller hein ?!"

Et elle avait sentit celle-ci lui faire un signe de tête que oui. En soupirant, pour rassembler son courage, Anna avait gravit l’entrée avec Naïssa. Comme par le passé, le brouillard était déjà perceptible, et de drôle de bruit se laissaient entendre. Bien que la nuit ne soit pas particulièrement plus sombre qu’une autre, une obscurité inquiétante régnait toujours dans les hauts bois, et il était facile de s’y perdre. Anna sentit son araignée, Mizoca, s’agiter dans sa poche. La mygale devait sentir la présence de ses semblables non loin de là.

Anna commença à claquer des dents, autant de froid que de peur. Bien qu’elle était très excitée, car elle adorait avoir peur, mais c’était plus fort qu’elle. On lui avait déjà raconté tant d’histoire à propos de cette forêt. Et puis, elle portait d’ailleurs bien son nom : interdite, ce n’était pas pour rien. Heureusement, Anna aimait tous les animaux peuplant cette planète, elle n’avait pas le souci de craindre des insectes. Elle sentait d’ailleurs à plusieurs reprises des picotements dans son dos ou dans ses jambes.

Ce qui l’affolait était toute cette obscurité, ce brouillard. L’inconnu lui faisait énormément peur, et bien qu’elle soit déjà venue dans cette forêt, elle savait que les nuits se suivaient et ne se ressemblaient pas. Il fallait qu’elle parle avec Naïssa, qu’elle se rassure. Sa présence l’apaiserait, si du moins elle ne s’était pas soudainement transformée en loup garou. A cette pensée, elle flippa encore plus et demanda, innocemment :

"Heu… Tu n’as rien entendu ?"

Naïssa avança donc au même rythme qu'Anna pour ne pas risquer qu'on voit sa jambe dépasser sous la cape d'invisibilité de son amie. Elles étaient toutes les deux dessous pour ne pas se faire remarquer ce qui n'était pas du tout évident. Il fallait qu'elles restent bien serrées pour ne pas dépasser mais elles avaient tendance du coup à se marcher sur les pieds. Leur chemin fut donc ponctué d'excuses.

Elle dut retenir un rire à plusieurs reprises tellement la situation était étrange. Elles durent faire très attention pour ne pas se faire remarquer car une cape d'invisibilité ne faisait pas tout. Il y avait le problème des portes mais aussi celui du bruit qu'elles faisaient en marchant sur les pierres.

Une fois la porte du château passée, elle soupira de soulagement. La première partie s'était bien passée. Elles atteignirent enfin la lisière de la forêt et Anna lui demanda alors si elle était toujours sûre d'elle. Elle lui fit un signe de tête tout en souriant. Elle entendit Anna soupirer puis elles pénétrèrent dans la forêt.

Le brouillard était présent à quelques pas de la lisière et l'obscurité ambiante créait une atmosphère effrayante et stressante. Se tenant sur ses gardes, elle observa les alentours. Les hauts arbres semblaient très maigres et il y avait peu de branches basses ce qui leur donnait un aspect étrange.

Elle jeta un coup d'œil à Anna qui commençait à claquer des dents. Elle se demanda si cela était dû au froid ou à la peur mais ne put le déterminer. Elle avait semblé excitée à l'idée d'aller dans la forêt interdite mais évidemment, entre en avoir envie et le faire, il y avait un fossé. Comme tous les élèves, Naïssa savait qu'il était interdit d'aller dans la forêt et cela parce que c'était dangereux et pas juste pour les embêter. Ils avaient tous entendu des histoires qu'on leur avait raconté sur les créatures qui peuplaient la forêt et qui n'étaient pas toutes amicales.

Elle fit quelques pas et les feuilles craquèrent sous ses pieds. A plusieurs reprises, elle crut apercevoir un mouvement du coin de l'oeil mais dès qu'elle se tournait, elle ne voyait plus rien. Elle était déjà venue et en était ressortie sans problèmes c'est pourquoi elle se sentait plus rassurée que la première fois. D'ailleurs, leurs pouvoirs avaient grandi et elles pourraient mieux se défendre.

Elle sentait la peur d'Anna mais essayait d'en faire abstraction pour ne pas la confondre avec ses sentiments à elle. Celle-ci se tourna vers elle pour lui demander si elle n'avait pas entendu un bruit. Elle s'arrêta et écouta attentivement mais elle n'entendait que le vent. Elle se doutait que de parler devait rassurer Anna mais ce n'était pas ce genre de questions qui allaient l'aider.

"Non, je n'entends rien."

Elle lui fit un léger sourire, pour la rassurer. Elle hésita un instant puis se décida à faire un lumos pour éclairer un peu les environs.

Une fois les environs éclairés, Anna se soulagea toute seule. Pas de centaure, ni de loup garous dans les parages, seulement de grandes toiles d’araignées ainsi que des troncs d’arbre aux formes bizarres. Anna évita de les regarder trop longtemps, car elle savait que si elle le faisait, elle allait imaginer toute sorte de créature avec les formes étranges du bois. Bien que le lumos de Naïssa éclaire une bonne partie autour d’elle, restait le brouillard envahissant et pesant. Anna continua d’avancer quelques instants, puis, comme la cape d’invisibilité était assez encombrante à deux, elle déclara :

"Tu crois pas qu’on peut enlever la cape maintenant ? Ca m’étonnerait que quelqu’un nous trouve ici !"

Les deux poufsouffles avaient en effet effectuées un assez long parcours depuis la lisière de la sombre forêt. Anna ne claquait à présent plus des dents, ayant réussit à se maîtriser.

*Et puis, celui qui nous trouvera aura sûrement le pouvoir de nous voir dessous ou nous entendra alors…*

La cape d’invisibilité était surtout utile dans l’enceinte du château. Il était rare de voir des préfets effectuer seuls des rondes dans la forêt interdite, dans le potager ou dans les montagnes. Ceux-ci allaient rarement plus loin que le parc. Anna regarda attentivement Naïssa, à coté d’elle sous la cape, attendant sa réponse. Maintenant qu'Anna était dans la forêt interdite, elle était un peu moins excité qu'avant de partir. Elle se demandait ce qu'elles allaient bien pouvoir trouver, si du moins elles trouvaient quelque chose...

Lorsque la lumière de sa baguette commença à éclairer les alentours, elle sentit immédiatement Anna se détendre. Évidemment, il fallait qu'elles restent sur leurs gardes pour ne pas se faire attaquer par une des créatures de la forêt. De toute façon, les plus dangereuses créatures étaient certainement celles qui vivaient au cœur de la forêt. Elles resteraient sûrement sur le bord de celle-ci. Elles voulaient s'amuser mais n'étaient pas non plus folles et inconscientes.

Elles observa rapidement les alentours mais ne détecta aucune présence dans la partie éclairée autour d'elles. Elles avancèrent encore un peu puis Anna lui posa une question. Effectivement, il serait plus agréable de retirer la cape qui les gênait dans leurs mouvements. De toute façon, si quelqu'un les croisait, soit il repérerait le lumos, soit il entendrait le bruit des feuilles qui craquaient sous leurs pieds alors...

Elle fit un signe de tête à Anna et retira la cape. Elle put alors se redresser complètement sans risques. Anna s'était calmée et semblait également moins excitée. L'idée de venir ici leur avait plu mais il n'y avait pas grand chose à y faire.

*Au moins si on croisait un animal il y aurait un peu d'animation*

Elle pensait cela mais elle ne souhaitait pas vraiment en rencontrer. Elle savait que les animaux ici n'étaient pas de ceux qui se contenteraient de les regarder et de passer leur chemin.

Elle se tourna vers Anna qui retirait également la cape et lui fit un sourire.

"Finalement c'est pas si terrible que ça cette forêt"

Anna retira sa cape, et ce fut comme une libération pour elle, elle se sentait mieux ainsi, bien que révélée aux yeux du jour, ou plutôt, de la nuit. Elle fut assez surprise de la remarque de Naïssa, car la forêt interdite était un sacré endroit plein de choses inattendues. Mais il est vrai que ce soir, il n’y avait pas grand-chose à faire…

"T’as raison, mais parles pas trop vite ! On sait jamais !"

Anna savait bien qu’il suffisait que quelqu’un dise cela pour qu’il se passe quelque chose. Puis, en regardant Naïssa, elle lui dit :

"On a cas aller voir plus profondément dans la forêt… C’est sur qu’on ne va rien découvrir en restant sur le bord…"

D’un certain côté, Anna avait peur de ce qu’elle pourrait découvrir, mais elle comptait bien s’amuser un peu avec Naïssa en prenant des risques. Après tout, pour une fois qu’elle ne s’était pas fait prendre… Anna eut un frisson et elle sentit ses poils se hérisser. Quelque chose lui frôlait le pied. Elle poussa un hurlement de frayeur et se jeta dans les bras de Naïssa pour trouver une protection. Lorsqu’elle osa regarder de quoi il s’agissait, elle s’aperçu que c’était…

Anna sembla se sentir mieux sans sa cape. Il est vrai que celle-ci pouvait être un peu étouffante et créait une atmosphère très étrange. Elle remarqua la surprise d'Anna à sa remarque sur la forêt interdite. Elle avait bien sûr dit cela pour blaguer car elle n'oubliait pas que le fait qu'elles n'aient vu aucune créature ne signifiait pas qu'aucune créature ne les avait vues.

Elle fit un signe d'acquiescement en entendant la réflexion d'Anna. Effectivement, c'était souvent lorsqu'on disait que tout se passait bien qu'il y avait un problème.

"T'inquiète, je reste sur mes gardes."

Elle avait toujours la main serrée sur sa baguette, prête à éteindre le lumos pour lancer un autre sort. Anna lui proposa alors de s'enfoncer davantage dans la forêt. Elle eut un sourire en entendant cela. C'était elle qui lui disait de faire attention et pourtant elle voulait aller là où c'était plus dangereux.

"T'as raison, allons explorer un peu cette forêt."

Brusquement, elle sentit la peur d'Anna qui poussa un cri et se jeta vers elle pour qu'elle la protège. Instinctivement, elle referma les bras sur Anna et tendit sa baguette vers l'endroit où s'était trouvée Anna. Elle observa attentivement et fini par apercevoir une plante. Celle-ci avait des grandes branches comme des tentacules sur lesquels se trouvaient des grosses épines. Certainement une plante carnivore.

Anna identifia rapidement la plante, adorant le cours de botanique. Elle répondit à Naïssa :

"Ca va, elle ne nous fera rien si on ne l’approche pas et qu’on ne l’éblouie pas. Elle n’a pas dut apprécier ton lumos…"

Elle afficha un petit sourire, mais son cœur avait tout de même quelques difficultés à retrouver son rythme normal.

"Je crois que j’ai faillit me faire pipi dessus…"

Déclara t-elle avec amusement face à cette frayeur. Heureusement, elle avait su se contrôler et il n’y avait pas eut d’accident. Elle sortit de l’étreinte de Naïssa et continua sa route, en l’incitant à la suivre.

"Viens, autant laisser cette plante seule, elle n’a pas l’air commode…"

Anna avanca alors plus profondément dans la forêt interdite. Par endroit, le brouillard était presque absent, alors que parfois, on ne voyait plus rien. Anna préférait détourner les grosses couches de brouillard en prenant de nombreux chemins, ne pensant pas qu’elle pourrait se perdre. Elle était souvent inconsciente des dangers auxquels elle s’exposait.

Naïssa écouta attentivement les explications d'Anna à propos de la plante à laquelle elles faisaient face. Elle savait que celle-ci aimait beaucoup les cours de botanique et lui faisait donc confiance quant à ce qu'elle venait de lui dire. Si elle disait qu'elles ne risquaient rien, c'est que c'était réellement le cas. Elle laissa échapper un léger soupir de soulagement.

"Je vais éloigner un peu ma baguette pour ne pas la déranger."

Elle dirigea la lumière de sa baguette vers son dos pour qu'elles continuent d'avoir de la lumière mais que celle-ci ne soit pas directement dirigée vers la plante. Elle remarqua le sourire d'Anna qui semblait avoir du mal à se calmer. Elle ne put retenir un rire en entendant sa remarque. Elle était toujours aussi nature.

Naïssa retira ses bras d'Anna et lui fit un clin d'oeil avant de la suivre pour continuer leur excursion dans la forêt interdite. Elle proposait de s'éloigner de la plante ce qui lui semblait être une très bonne idée. Elle avait beau ne pas sembler vouloir les attaquer, elle ne lui plaisait pas du tout.

"Tout à fait d'accord ! Allons-y !"

Naïssa avança avec Anna, s'enfonçant avec elle vers la partie la plus profonde de la forêt. Elle se sentait un peu plus à l'aise mais restait sur ses gardes, sa baguette devant elle pour leur éclairer le chemin. En effet, il était de plus en plus difficile de voir, la forêt étant très sombre à cet endroit. Elle leva la tête un court instant. La lune et les étoiles n'étaient pas visibles dans cette partie de la forêt.

Anna les guidait plus ou moins, leur faisant contourner les parties où il y avait trop de brouillard. Après un moment, elle réalisa qu'avec tous ces détours, elle n'était pas du tout sûre de pouvoir retrouver son chemin facilement si elles avaient un problème.

"Euh... Tu saurais nous ramener au château toi ?"

Elle ne doutait pas qu'elles puissent retourner d'où elles venaient mais elles risquaient de mettre un bon bout de temps.

Anna, qui était la première se retourna à la remarque de sa camarade. Elle demanda, un peu surprise par la question :

"Qui ? Moi ?!"

Puis, comme elle n’attendait pas de réponse, elle rajouta, de toute évidence hésitante :

"heu… Oui…"

Puis, pour elle-même, elle dit en un souffle presque inaudible :

" Sans doute…"

Elle avala sa salive, et s’empressa de demander à Naïssa, comme s’il s’agissait d’une évidence :

"Pourquoi ? Pas toi ?"

Cela l’inquiétait un peu. Si Naïssa ne reconnaissait pas le chemin, les deux jeunes filles allaient devoir compter que sur Anna pour rentrer… Qui, à présent, n’était plus très sur d’elle. Elle entendit ensuite un gros craquement de branche, puis des feuilles s’agiter, et s’exclama, avec de gros yeux :

"Ho vin dieu ! Qu’est-ce que c’était ça ?"

Elle était comme pétrifier, ne voulant plus faire un geste de peur de se faire respiré. Son sang était sans doute glacé.Cette fois, il s’agissait sûrement d’une créature ou d’un animal, une plante ne pouvait faire ce genre de vacarme. Anna regrettait presque d’avoir abandonné cette douce petite plante innocente rencontré un peu plus tôt.

Elle vit Anna se retourner à sa question, avec un air surpris. Elle ne s'attendait visiblement pas à cette question. Elle demanda si c'était d'elle qu'elle parlait puis enchaîna en disant acquiesçant. Cependant, son expression était hésitante et sa voix n'était pas très assurée.

*Mince, elle a pas du tout l'air sûre d'elle.*

Cette pensée fut immédiatement confirmée par Anna qui ajouta en chuchotant : "sans doute". Elle retourna rapidement la question à Naïssa, s'étonnant qu'elle ne sache pas comment rentrer.

*Eh zut, je sens qu'on va galérer pour rentrer !*

Elle fit un pâle sourire, pas du tout convaincue.

"Oh bah, disons qu'avec quelques sortilèges et en me concentrant vraiment... avec une bonne heure devant moi... j'y arriverais peut-être."

Elle sentait bien que l'idée que tout repose sur elle pour rentrer au château ne plaisait pas tellement à Anna. Elle ne voulait pas l'inquiéter outre mesure mais il était vrai que dans cette forêt, tout se ressemblait et avec le brouillard qui n'allait sûrement pas rester immobile, retrouver leur trace serait plus difficile.

Elle n'eut pas le temps de rajouter quoi que ce soit. Elle entendit, comme Anna, un bruit de branche cassée et de feuilles. Anna fut la première à réagir en demandant ce que c'était. Naïssa sentait sa peur en plus de la sienne et avait l'impression qu'elle n'arriverait pas à bouger d'un centimètre.

Elle était persuadée qu'elles allaient se retrouver face à une créature beaucoup moins sympathique que la plante qu'elles avaient rencontrée précédemment. Se forçant à respirer calmement, elle poussa ses muscles pour faire quelques pas. Elle s'approcha ainsi d'Anna. A deux elles seraient plus fortes en cas d'attaque et pourraient s'entraider. Elle fixa l'endroit d'où elle avait cru entendre le bruit.

Comme elle n'apercevait rien, elle tendit le bras et augmenta la force de son lumos. Elle aperçut alors...

Anna fit un maigre sourire, les sourcils en circonflexe lorsqu’elle entendit la remarque de Naïssa. Avec une bonne heure, elles s’en sortiraient… Cela faisait déjà combien de temps qu’elle s’était enfoncées dans cette sombre et terrifiante forêt ? Anna vit Naïssa se rapprocher d’elle, une fois le bruit entendu, ce qui n’était pas pour lui déplaire. A vrai dire, cela la rassurait, on lui avait toujours dit que l’union faisait la force, et elle ne le remettait pas en cause. Surtout dans ces conditions. Elle fut soulagée de ne pas être seule.

Elle vit alors à la lumière du lumos de Naïssa une créature qu’elle ne reconnut pas tout de suite, car elle n’en voyait que de très minces parties, celles-ci disparaissant et réapparaissant derrière les arbres. Anna sentit son cœur s’accélérer, bien qu’elle en eut le souffle coupé. Il s’agissait d’un animal, sans aucun doute, elle pouvait presque entendre la respiration de celui-ci.

Elle risqua un regard vers Naïssa, qui fut de courte durée, car elle ne pouvait s’empêcher de chercher la créature, pour découvrir de laquelle il s’agissait. Le fait qu’elle ne soit pas fixé sur l’identité de l’animal accentuait sa crainte, car son imagination débordante imposait à son esprit toute sortes d’hypothèses, toutes plus monstrueuses les unes que les autres. Elle voulait donc empêcher ces pensées, en découvrant enfin de quoi il s’agissait.

Bien que les deux jeunes filles ne bougent pas, Anna sentait que l’animal se rapprochait dangereusement, sûrement guidé par le lumos de sa colocataire. A cette pensée, Anna ne trouva plus vraiment judicieux le choix de ce sortilège, qui les mettait toutes deux à découvert. Mais en même temps, il était trop tard maintenant, elles s’étaient fait repérées, et Anna était bien trop curieuse pour repartir à présent, sans avoir découvert de quoi il s’agissait. Elle ne comptait pas revenir exprès dans cette sombre forêt pour le découvrir.

Des bruits de sabots se firent entendre, cet animal était sûrement pourvu de quatre pattes. Soudain, sortant des buissons, la créature se posta face au deux poufsouffles, immobile, sombre, gracieuse. Impressionnante, impériale. Anna, qui avait la bouche grande ouverte, cligna des yeux plusieurs fois, comme pour sortir d’une illusion, et laissa échapper en un souffle aussi surprit qu’impressionné :

"Un Sombral…"

Naïssa remarqua qu'Anna n'avait pas l'air ravi en entendant sa réponse. Effectivement, l'idée de passer une heure à chercher son chemin en plein milieu de la nuit alors qu'elle commençait à fatiguer ne la réjouissait pas vraiment non plus. Lorsqu'elle se rapprocha d'Anna, observant les alentours pour chercher la créature, elle sentit qu'Anna était un peu rassurée. C'était également son cas. Elle ne voulait pas risquer de se retrouver toute seule devant la créature. Elle ne savait pas encore si celle-ci était rapide ou pas mais si c'était le cas, à deux il y avait plus de chances que quelqu'un réagisse assez vite pour les protéger.

Tout comme Anna, elle commença à apercevoir des parties du corps de la créature qui se déplaçait constamment, jamais complètement visible. Elle sentit l'adrénaline se répandre dans ses veines et son cœur accélérer encore un peu. Elle n'aimait pas du tout l'attitude de la créature qui semblait ne pas vouloir se montrer totalement. Était-ce qu'elle s'apprêtait à les attaquer ? Naïssa espérait de toutes ses forces que ce n'était pas le cas et qu'elle était juste en train de les observer pour savoir si elles étaient dangereuses ou pas.

Naïssa croisa le regard d'Anna et tenta un sourire qui ressemblait plutôt à une grimace. Anna reporta rapidement son regard vers la créature et Naïssa fit de même. Elle ne voulait pas la quitter du regard trop longtemps pour ne pas risquer de se faire attaquer alors qu'elle ne la regardait pas. Elle cherchait à deviner ce qu'elle était à l'aide de ce qu'elle voyait mais c'était quasiment impossible.

Elle manqua se donner une claque en pensant à son don. Elle pouvait peut-être l'utiliser pour connaître les intentions de la créature. Elle étendit son pouvoir vers celle-ci. Elle essaya de déchiffrer ses émotions qui ne ressemblaient pas vraiment à celles des humains. Elles étaient beaucoup plus confuses pour elle. Après quelques instants de réflexion, elle finit par en conclure que celle-ci était curieuse seulement. Malgré cela, elle avait encore le cœur qui battait à toute allure et ne se sentait pas totalement rassurée. Et si celle-ci, après les avoir suffisamment observées décidait de les attaquer ?

Elle ouvrit la bouche pour informer Anna de ce qu'elle pensait sur les intentions de la créature mais aucun son ne sortit. Sa gorge était serrée et elle n'arrivait pas à parler. Sans chercher à forcer, elle referma la bouche.

*De toute façon sinon il aurait fallu que je lui explique comment je le savais*

Elle entendit alors des bruits de sabots et la créature surgit enfin des buissons. Elle s'arrêta face aux jeunes filles. Naïssa la reconnut immédiatement mais eut du mal à y croire. Devant elles se tenait une étonnante créature. Celle-ci avait un corps de cheval, une tête de dragon et des grandes ailes de chauve-souris. Effrayante autant qu'attirante, elle avait une attitude impériale.

Alors qu'elle s'apprêtait à parler, Anna donna le nom de la créature : un sombral. Elle était tout aussi étonnée qu'elle de l'identité de l'animal. N'arrivant pas à détourner son regard du sombral, elle l'observa en détail. Enfin, elle commença à réaliser la portée de ce que venait de dire Anna. Elle voyait le sombral et donc elle avait du voir la mort. Elle tourna enfin la tête vers Anna et lâcha, un peu étonnée.

"Tu le vois ?"

La jeune femme regarda en direction du bois. Cela faisait bientôt deux jours qu’elle n’avait pas de nouvelles de Caprice. Le centaure fauve, qui lui plaisait assez, elle devait l’avouer, était resté dans sa « Forêt Interdite » et depuis, rien. Freya traversa le parc en pente douce. Tant pis, elle allait le voir, c’était un ami et surtout, ce soir elle s’ennuyait donc, la visite s’imposait. La splendide jeune femme aux cheveux de neige pénétra dans le bois.

L’obscurité autour d’elle ne la gênait pas. A l’inverse de ce que l’on pourrait croire, Freya était bien plus à son aise dans les forêts, au milieu des bruits ou du silence que dans des villes, où chacun la regardait étrangement à cause de l’afflux de pouvoir qui faisait ce qu’il voulait. Se déplaçant comme un félin en chasse, la jeune femme s’enfonça dans les profondeurs de la forêt, que les centaures ne craignaient pas de revendiquer comme étant leur « propriété privée ». Alertée par un claquement de sabot, Freya arriva devant une clairière. Elle avait trouvé le « troupeau ». Bien. Et maintenant il lui fallait « choper » Caprice. Elle repéra sa « proie » à quelques mètres sur la gauche. S’arrêtant, toujours aussi silencieuse, la jeune femme aux cheveux de neige remarqua que leur attention était entièrement portée sur quelques empreintes au sol.

Au vu de leurs têtes de chasseurs, les centaures avaient du trouver des intrus sur leur territoire. Freya soupira. Ce qui fit immédiatement sursauter le groupe d’équidés. Ils se retournèrent, l’air mauvais, et se mirent à l’encercler.

-Toi, humaine, qu’ose tu venir faire dans notre territoire et qui plus est, dans notre dos ?

La jeune femme lança un regard glacé à l’impertinent qui venait de parler. Pour l’instant, sa magie ne fluctuait pas. Pas encore. Freya ne prit pas la peine de répondre, voyant Caprice s’approcher.

-Cette « humaine » est mon invitée dans la forêt. Elle a tout à fait le droit d’aller où bon lui semble et si elle est ici, je pense que j’en suis la cause.

L’autre centaure voulut lui répondre mais lorsque Caprice lui montra la derrière de son sabot, il referma la bouche, se contentant de fixer l’enseignante d’un œil noir. L’ignorant royalement, Freya sourit à son ami à la robe de jais.

-Effectivement. Mais que pistiez vous, ainsi agglutinés autour du sol ?

-Il y a des traces d’humains par terre et qui traversent notre territoire.

Caprice fut coupé par l’idiot de toute à l’heure.

-Ce sont des gosses du château, j’en suis sûr. C’est ça que vous leur apprenez ? A partir empiéter chez les autres ? Nous, on va leur apprendre à rester tranquille et vous les faire rentrer illico puisque vous en êtes visiblement incapables.

Sur ces belles paroles, l’équidé cracha aux pieds de la jeune femme… et alla terminer son geste dans un arbre. Jaillissant de sa baguette, la magie avait fusé, -n’en faisant qu’à sa tête comme d’habitude mais pour une fois, au bon moment. Freya se retourna vers les autres centaures. Ils étaient assez comiques avec leurs têtes déconfites et les yeux exorbités. Profitant du magnifique silence ainsi instauré, la jeune femme prit la parole.

-Il me semble que je suis tout à fait capable de m’occuper moi-même de ces élèves mais que par contre, je n’ai pas d’ordres à recevoir, surtout d’une personne aussi mal placée que toi centaure. Sur ce, je vous souhaite une bonne soirée.

Après un sourire à Caprice –et un discret clin d’œil-, la jeune femme passa la tête haute devant les équidés et se mit à suivre les traces des étudiants. Ceux là quand même… violer les règlements est un art, dont ces idiots étaient loin de connaître l’existence. A cause de leur indiscrétion, elle allait devoir aller les chercher –ils devaient en plus de tout être perdus- et se les ramener au château alors qu’elle aurait pu passer la soirée avec son ami. Toujours ronchonnant légèrement, le visage de Freya s’éclaira néanmoins quand celui-ci la rejoignit pour faire un bout de parcours ensemble. Caprice se moqua pas mal de la tête qu’elle faisait ce qui fit dans un premier temps empirer la chose, puis elle se mit à rire avec lui et ils firent tranquillement en bavardant un bout de chemin, repérant de temps à autre les empreintes sur le sol.

Alors qu’ils devisaient, ils stoppèrent dans une même seconde leurs pas et se raidirent. Freya venait d’entendre des voix humaines. Jeune fille. Correction, jeunes filles. A partir de ce moment, Caprice lui fit un mouvement de tête et s’en fut, rentrant probablement chez lui. Avant de pénétrer dans la clairière, la jeune femme aux cheveux de neige sentit plus que ne l’entendit, une autre…chose. Son regard de glace croisa celui de braise d’un sombral. Il était lui aussi arrêté à l’orée des arbres mais était visible aux adolescentes. Le congédiant des yeux, Freya se montra elle aussi pendant que le cheval de nuit faisait demi-tour et disparaissait entre les troncs.

-Pourrais je savoir ce que vous faites ici ? Il me semble que le nom de ladite forêt est pourtant significatif et bien que ce soit moi et non pas la horde de centaure que j’ai croisé en chemin qui vous ai retrouvées, je pense que je devrais me mettre en colère.

L’enseignante fit une pause, semblant réfléchir à la question.

-Moui, ce sera donc 20 points en moins chacune, et vous allez me faire le plaisir de retourner au château de suite. Je n’ai pas la moindre envie de devoir passer je ne sais combien d’heures à vous surveiller en retenue donc je vais m’arrêter là. Sachez aussi que si vous avez encore une fois l’audace de revenir ici mais sans la discrétion qui est censée aller avec, ce seront les centaures et non moi qui vous punirons. Et vous risquez de trouver cela un peu plus…désagréable.

Freya les détailla rapidement. Elles n’étaient pas dans ses cours, à la limite tant mieux.

-Etant donné que je n’ai aucune envie de vous raccompagner, attrapez ceci –elle lança une sorte de boussole-, elle émettra une lumière en direction de l’école. J’espère que ça au moins, vous pourrez le suivre. Aucune grosse bestiole méchante ne vous attaquera, il y a de ma magie dessus et, je ne sais ab-so-lu-ment pas pourquoi mais ça à tendance à les faire fuir.

Sur ce, la jeune femme se retourna et, se coulant entre les troncs, prit le semblant de sentier qu’avait emprunté son ami centaure. Ils allaient encore passer une nuit entière à bavarder et mourir de rire mais qu’importe ! Freya n’avait aucun cours le lendemain.

Alors qu'elle attendait une réponse d'Anna à propos du sombral, Naïssa crut entendre un bruit de sabot. Tournant sur elle-même, elle pointa sa baguette vers l'endroit d'où elle pensait que le bruit venait. Elle sentit qu'elle se raidissait, ses muscles tendus, prête à envoyer un sort si quelqu'un avec de mauvaises intentions s'approchait.

Alors qu'elle ne voyait personne, le sombral tourna la tête vers la forêt avant de partir. C'est alors que quelqu'un sortit de l'ombre, pénétrant dans la clairière dans laquelle les deux poufsouffles se trouvaient. Naïssa reconnut alors le professeur d'enchantements. Il était effectivement facile de reconnaître ces cheveux blancs. Celle-ci ne tarda pas à leur faire des remontrances, prenant la peine de leur rappeler que la forêt était interdite aux élèves.

La poufsouffle commençait à s'inquiéter de la punition qu'elles pourraient avoir mais heureusement pour elles, l'enseignante se contenta de leur retirer 20 points chacune. Elles auraient pu s'attendre à bien pire. En apprenant que des centaures étaient à leur recherche, elle sentit un frisson lui parcourir le dos. Si elles s'étaient retrouvées face à des centaures, elles auraient été dans une bien mauvaise position. Et en même temps, Naïssa ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle aurait aimé les voir. N'ignorant pas que ceux-ci avaient mauvais caractère, elle était consciente que cette envie était ridicule.

Lorsqu'elle leur lança une sorte de boussole, Naïssa tendit les bras pour la rattraper. Celle-ci émit rapidement une lueur indiquant le chemin. Sans attendre de réponse, l'étrange professeur s'enfonça dans la forêt.

Se tournant vers Anna, Naïssa sourit et émit un soupir de soulagement.

« On a eu chaud. »

Se souvenant soudain de la question qu'elle avait posé à Anna, elle la répéta.

« Comment ça se fait que tu voies les sombrals ? »

Réalisant que la question risquait de déranger son amie, elle reprit la parole.

« T'es pas obligée de me répondre bien sûr. »

Anna avait eu très peur lorsqu'elle avait vu que leur professeur d'enchentement les avait démasqué. C'était vraiment pas de chance... Qu'est-ce qu'elle faisait, elle, dans la forêt à une heure pareille? C'était bizarre tout cela... Enfin, en tout cas, il y avait eu plus de peur que de mal, car la sanction aurait pu être bien pire.

*Même pas collées !!*

Anna avait récupéré sa cape d'invisibilité, et les deux jeunes filles rentraient à présent au château.

« En fait, c'est pas plus mal d'être tombées sur Seydr... Au moins on rentrera saines et sauves... »

En effet, il leur suffisait à présent de suivre le chemin de la boussole magique. Naïssa lui demanda alors pourquoi elle arrivait à voir les sombrals. Anna sentie son cœur s'accélérer, malgré toutes les émotions fortes qu'elle avait déjà eu dans la soirée. Ce sujet, peu de personnes le savaient...

« Hein? Heu... »

Anna ne fut pas longue à rajouter, étonnée, ayant fait une découverte:

« Attends... Tu l'as vu aussi? »

Naïssa avait vu qu'il s'agissait d'un sombral, soit parce qu'elle avait reconnu certains symptômes les caractérisant, mais Anna en doutait car il aurait fallu être vraiment fort, soit parce qu'elle avait vu la mort... Anna était bien curieuse d'en savoir plus.

Naïssa sourit à Anna. Elle aussi avait eu peur lorsqu'elles avaient été découvertes. Son amie fit remarquer qu'elles seraient au moins en sécurité désormais. Effectivement, avec ce talisman, elles ne seraient pas dérangées par des créatures dangereuses et n'auraient aucun mal à rentrer au château. Et pourtant, cela retirait un peu du charme de cette promenade dans la forêt interdite. Il était tard et c'était peut-être mieux tout de même qu'elles rentrent au plus vite.

Naïssa attendait que son amie poufsouffle lui réponde à propos du sombral et elle crut voir celle-ci se tendre à cette question. Elle espérait ne pas lui avoir rappelé de trop mauvais souvenirs, bien que ceux-ci ne puissent être bons, étant liés à la mort. Elle se taisait, désireuse de ne pas la presser.

Celle-ci semblait hésiter à parler mais, alors que Naïssa se demandait si elle allait lui raconter son histoire, Anna parut réaliser ce que signifiait sa question et s'étonna qu'elle ait vu le sombral. Elle sourit à la curiosité de son amie. Elle détournait ainsi la conversation de son cas, bien que ce soit certainement de manière inconsciente.

Ayant elle-même posé cette question, elle décida d'y répondre. Peut-être son amie aurait-elle plus de facilité à lui répondre à son tour. Elle reporta son regard sur le chemin qu'elles devaient suivre. Il lui était plus facile de parler de la mort de son amie lorsqu'elle ne devait pas regarder la personne en face.

"J'ai vu ma meilleure amie mourir à 8 ans."

Elle se contenta de lui dire cela.

Anna remarqua que Naïssa regardait droit devant elle, alors elle n’insista pas pour captiver son regard. Cela devait être assez dure comme ca. Anna ne savait pas si Naïssa allait lui dire quoi que ce soit, même si elle mourait de curiosité, elle n’allait pas insister sur ce genre de sujet. Et, sans qu’elle ne s’y attende vraiment, son amie lui lança d’une traite qu’elle avait vu mourir sa meilleure amie à 8 ans. Anna afficha un visage dramatique. Jamais elle n’aurait pu deviner cela. Naïssa ne montrait rien qui puisse faire penser ca. Comme quoi, on croyait connaître les gens et parfois on s’apercevait qu’on avait tout faux… Anna savait qu’elle était très indiscrète, mais elle ne pu s’empêcher d’aller plus loin, face à son incompréhension. La voix nouée, elle demanda doucement :

« Mais… Qu’est-ce qu’il sait passé ? »

Elle ne forçait bien sur pas Naïssa à répondre, mais ca l’intéressait et Anna était sur qu’après cela, elle pourrait lui raconter sa propre histoire, que cela l’aiderait de voir que Naïssa pouvait la comprendre.

*Sa meilleure amie … Heureusement que Naïssa était de jeune âge, même si ca a du être dure… Mais de quoi à t-elle bien pu mourir à 8 ans? *

Naïssa était reconnaissante envers Anna de ne pas essayer de trouver son regard. Lorsqu’elle eut répondu à la question, elle jeta un coup d’œil à son amie. Celle-ci paraissait attristée de sa perte. Elle semblait aussi étonnée de cette révélation. Naïssa se débrouillait pour cacher sa tristesse et seul Josh l’avait vue dans un de ses moments de déprime. Elle réalisa d’ailleurs qu’elle ne lui avait pas donné la raison pour laquelle elle était dans cet état lorsqu’il l’avait rencontrée. Il avait alors eu la délicatesse de ne rien lui demander.

Naïssa ne put retenir un léger sourire devant la curiosité d’Anna. Elle savait que celle-ci ne la forcerait pas à parler et elle sentait qu’elle avait hésité à lui poser cette question. Maintenant qu’elle avait commencé à lui raconter son histoire, elle n’avait pas l’intention de s’arrêter. Pour le moment, elle se sentait capable de le faire, alors autant en profiter.

« Une histoire stupide. Elle a couru sur la route alors qu’une voiture arrivait. Elle était moldue alors elle n’avait aucune chance de s’en sortir. »

Naïssa se demandait si Anna allait également lui expliquer pourquoi elle voyait le sombral, mais elle préféra attendre avant de lui reposer la question. Elle voulait voir si son amie le faisait d’elle-même ou pas, si elle s’en sentait le courage.

Anna afficha un air vraiment triste que Naïssa ne pouvait voir, regardant devant elle. C'était une moldue... Cet accident avait du être terrible pour Naïssa, et même s'il datait de plusieurs années, elle devait en avoir gardé des séquelles. Anna avala sa salive. Sa camarade lui avait parlé et avait répondu à ses questions, c'était à son tour maintenant... Elle ne savait par où commencer. Elle avait caché cela à ses amis de poudlard depuis si longtemps déjà. Jamais ils ne s'étaient doutés de quoi que ce soit. Anna avait toujours fait bonne figure, même s'il lui arrivait parfois, étant seule, de fondre en larme. Elle cachait sa peine derrière des sourires, et à la voir, on aurait vraiment pu croire que c'était la fille la plus heureuse du monde, malgré les drames qui étaient survenus dans sa vie. Anna se lança, regardant droit devant elle en continuant le chemin périlleux de la forêt interdite pour rentrer au château:

« Je n'ai jamais parler de ca à qui que ce soit mais... Il y a un peu plus de 2 ans maintenant, quand on était en 4° année... »

Sa voix s'était serrée sans qu'elle ne puisse rien faire. Elle n'avait encore jamais parlé de cela à qui que ce soit, si ce n'est sa famille.

« ...Deux mangemorts sont entrés chez moi et ont tué ma petite sœur. Elle n'avait que 7 ans... »

Anna sentit une larme chaude glisser le long de sa joue. Heureusement que la nuit était noire, elle détestait qu'on la voix pleurer. Cet accident s'était passé il y a si peu de temps... Les choses étaient encore fraiches et Anna en souffrait encore terriblement. Elle ne pu rien rajouter, bloquer par sa tristesse. Seuls quelques reniflements et un geste pour essuyer sa larme furent perceptibles.

[Je up le sujet, parce que je crois que tu l'as zappé !]

hj : t'as bien fait, j'avais effectivement oublié, dsl^^

Naïssa resta un instant les yeux dans le vague, repensant à cet évènement qui avait changé sa vie. Elle se demandait souvent comment serait sa meilleure amie si elle était toujours en vie. Seraient-elles encore aussi proches ? Malheureusement elle ne le saurait jamais. Elle se reprit ensuite, tournant la tête pour regarder Anna. Celle-ci semblait compatir, ce qui n’était pas très étonnant. Déjà parce qu’Anna n’était pas du genre à se réjouir de la douleur des autres mais aussi parce qu’elle avait elle aussi vu la mort et devait comprendre ce qu’elle ressentait. Elle vit son amie détourner à son tour le regard, se fixant sur un point devant elle. Elle s’apprêtait sûrement à lui raconter son histoire. Naïssa resta silencieuse, prête à l’écouter.

Anna commença par lui dire qu’elle n’avait jamais raconté cela à quiconque. Naïssa se sentit touchée qu’elle lui en parle alors qu’elle ne l’avait pas fait avec les autres. Elle se promit de n’en parler à personne d’autre, ce qui était tout à fait normal. Cela était arrivé deux ans auparavant. Elle entendit la voix d’Anna se serrer, rattrapée par ses émotions. Lorsqu’elle lui expliqua que sa sœur avait été tuée par des mangemorts, elle sentit son cœur se serrer. Perdre une amie était déjà dur alors perdre une sœur… Elle préférait ne pas imaginer ce qu’elle aurait ressenti en perdant l’un de ses frères. Elle vit Anna lever la main pour s’essuyer le visage. Naïssa resta silencieuse encore un instant pour la laisser se reprendre, puis elle posa sa main sur le bras de sa camarade, cherchant à lui montrer sa compassion. Elle prit alors la parole.

« Je suis désolée pour toi. Cela a dû être très dur à vivre. »

Elle ne savait que dire de plus pour la réconforter car elle savait que c’était impossible. Elle se contenta donc de lui dire.

« Si jamais tu as besoin de parler, n’importe quand, n’hésite pas à venir me voir. Et, merci d’avoir été honnête. »

Naïssa attendit simplement que la jeune fille reprenne une contenance, puis elle lui prit le bras, pour la soutenir dans sa peine. Anna hocha faiblement la tête à la remarque de la jeune fille. Elle avait raison, et la poufsouffle appréciait la compréhension de sa camarade. Elle aurait voulu lui dire de ne parler de ca à personne, car elle ne voulait pas qu'on s'apitoie sur son sort et encore moins qu'on lui en reparle pour lui évoquer ces mauvais souvenirs... Le cadavre de sa petite soeur gisant au sol... Mais Anna ne pu rien demander, sa voix s'était fermée. De toute façon, elle faisait confiance à celle qui partageait sa chambre depuis plusieurs années maintenant. Naïssa était vraiment une fille qu'elle appréciait et dont elle se sentait proche.

La poufsouffle acquiesça une seconde fois pour ce que Naïssa rajouta. Anna ne voulait pas en parler, mais il était bon de savoir que quelqu'un serait là pour l'écouter. Maintenant que Naïssa était au courant, elle se sentait déjà libéré d'un poids, quelque part. Elle n'aurait plus à lui cacher des choses, ni à lui mentir, car elle détestait ca. Et puis, si Anna ne voulait pas en parler pour l'instant, il n'était pas dit qu'elle ne changerait pas d'avis plus tard, lorsqu'elle se sentirait plus prête.

« Merci. »

Rajouta-elle avec un petit sourire triste, pour dire à Naïssa qu'il en était de même pour elle. Elle espérait qu'elle le comprendrait toute seule, puisqu'elle ne trouvait plus la force de le formuler. C'est don en silence que les deux jeunes filles retournèrent à leur dortoir.

[à verrouiller, à moins que tu ne veuilles rajouter quelque chose Naïssa?]

c'est bon on peut verrouiller